Un Gatinois allègue un profilage racial à l’aéroport d’Edmonton

Un résident de Gatineau, au Québec, de descendance africaine, affirme avoir été victime de profilage racial et de brutalité policière à l’Aéroport international d’Edmonton le 28 avril dernier. Il a déposé une plainte contre la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA).
Chrislain Eric Kenfack, un expert en résolution de conflit et en racisme, a déclaré avoir eu en premier lieu des démêlés avec des membres de l’ACTSA alors qu’il tentait de passer par le contrôle de sûreté pour prendre son vol avec ses deux enfants âgés de 2 et 10 ans.
Il dit avoir déclenché à trois reprises l’alarme du portique de détection de métal.
Il a ensuite suivi les consignes d’un des agents de se placer à l’écart pour une fouille manuelle qui pour moi n’était que normal [...] parce que je voyage assez et je sais ce que signifie la sécurité à l’aéroport.
Cette fouille aurait duré plus de 10 minutes, ce qui a suscité un inconfort chez Chrislain Kenfack. Selon lui, l’alarme des détecteurs de métal a été déclenchée par sa montre et ses boutons de pantalons.
"Malgré cela, il a continué à me fouiller à me toucher partout, incluant les parties intimes. Non seulement je sentais cela comme un harcèlement et j’étais mal à l’aise, mais je voyais mon vol que je risquais de perdre et je voyais mes enfants crier de l’autre côté."
Une citation de Chrislain Eric Kenfack

Le Camerounais d’origine aurait ensuite demandé à un superviseur de l’ACSTA une fouille approfondie dans une salle privée, ce qu’il a obtenu, mais n’a pas réussi après cela à se rendre à temps pour embarquer dans son vol.
Chrislain Eric Kenfack s’est donc tourné vers l'ACSTA à la recherche de solution pour prendre un autre avion.
Il aurait également mentionné à un superviseur son malaise, car il a estimé être victime de discrimination dans son traitement parce qu’il y a deux autres personnes qui sont passées et qui n’ont pas subi le même traitement.
Ces personnes auraient été blanches.
Après cet échange, trois agents de la GRC seraient allés à la rencontre du Gatinois, qui lui aurait présenté deux choix : quitter l’aéroport ou se faire arrêter.
Alors qu’il tentait de leur expliquer sa version des faits, les agents lui auraient répondu qu’il jouait la carte de la race vu que c’est ce que les gens de son espèce font toujours.
Il y aurait ensuite eu une altercation entre Chrislain Eric Kenfack et un des policiers. Il se serait fait plaquer au sol avec force puis menotté.
Le conférencier déclare avoir été transporté en fauteuil roulant au bureau de la GRC dans l’aéroport, en raison de blessures aux genoux subis lors de l’intervention des policiers. Il allègue qu’il aurait été encore la cible de propos discriminatoires, tels que je suis sûr que dans votre pays de m..., les policiers sont plus violents que cela.
Des accusations portées, puis retirées
Par ailleurs, la Gendarmerie royale du Canada a déposé des accusations contre Chrislain Eric Kenfack qui ont été retirées par la Couronne en septembre. Il était accusé de méfait et de troubler la paix.
La Coalition rouge, un groupe de défense des droits civiques, accompagne Chrislain Kenfack dans ses recours. Une plainte ciblant la GRC et une autre ciblant l’ACSTA ont été déposées en octobre auprès de la Commission des droits de la personne.
Une autre plainte a été présentée à la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC et une enquête a débuté.
La Coalition rouge, au nom de Chrislain Eric Kenfack, a aussi demandé mercredi au Service des poursuites de la Couronne de l'Alberta d’ouvrir une enquête criminelle contre les trois agents de la GRC pour un usage excessif de force et méfait public.
Des caméras de surveillance
Dans un courriel, l’ACSTA s’est dit au courant de l’incident et ajoute qu’une enquête a été menée et que les résultats ont été communiqués au passager.

Dans le cas présent, toutes les procédures ont été suivies par un agent de contrôle en formation et observées par son superviseur. L’examen des séquences de télévision en circuit fermé montre qu’aucun autre passager n’a déclenché d’alarme pendant la période en question et l’ACSTA réfute fermement toute allégation de profilage racial.
Une citation deAdministration canadienne de la sûreté du transport aérien

Après avoir manqué son vol, le passager est retourné au point de contrôle. Après une longue discussion sans issue et puisque le passager refusait de partir, la police a été appelée en renfort, conclut l’ACSTA dans son courriel.
La Gendarmerie royale du Canada confirme dans un courriel que trois de ses membres ont assisté ACSTA , car Chrislain Kenfack refusait de quitter la zone centrale de contrôle de préembarquement.
M. Kenfack a été avisé que, s’il ne quittait pas, il serait mis en état d’arrestation, précise le courriel. M. Kenfack a été mis en état d’arrestation pour méfait et troubler la paix. Alors que la GRC tentait de menotter M.  Kenfack, une altercation a pris place. Ce dernier a été menotté et retiré de la zone sécure.