Attaque raciste à la hache: une famille de Terrebonne condamnée à vivre à côté de son agresseur présumé

Mathieu Carbasse, 1 février 2024 11H10 MISE À JOUR 1 février 2024 11H10

Le cauchemar de Lyndia Barthold a commencé le 21 novembre 2023. Ce jour-là, sa fille Destiny et trois de ses amies se sont fait agresser par un homme blanc cagoulé armé d’une hache et d’un couteau. Deux mois plus tard, la famille vit dans la peur, à quelques mètres de son agresseur présumé.
Au moment de l’attaque, les quatre jeunes femmes, dont une mineure, discutaient dans une auto stationnée devant la résidence familiale. Un homme serait sorti de nulle part et aurait asséné un premier coup de hache sur la vitre de Destiny. Au troisième coup, la vitre aurait volé en éclats. 
En panique, la conductrice serait parvenue à mettre la voiture en marche et à éviter le quatrième coup. «Sans ça, ma fille aurait eu la tête arrachée», témoigne Mme Barthold, encore ébranlée, en entrevue à 24 heures.

Avant de les attaquer, l’homme les aurait injuriées. «Bande de négresses», «Si ne retournez pas d’où vous venez, je vais toutes vous tuer», leur aurait-il lancé.
C’est à quelques rues de la maison familiale que Mme Barthold a retrouvé sa fille et ses amies, en état de choc.
La police trop lente à agir?  
L’incident est rapporté au Service de police de Terrebonne le jour même. Destiny et ses amies estiment toutefois ne pas avoir été prises au sérieux. 
«La police a minimisé les événements. Ils ont vraiment pris ça à la légère. Ça leur a pris trois semaines pour assigner un enquêteur au dossier. Et ça leur a pris encore un mois pour connaître l’identité de l'agresseur», se désole Mme Barthold. 
«Si c’était le cas contraire, si c’était quatre filles blanches qui étaient dans une voiture et un homme noir cagoulé derrière l’attaque avec une hache et un couteau, je pense que le scénario se serait passé différemment», dénonce la mère de famille, qui a reçu l’appui de la Coalition rouge, un organisme luttant contre le profilage racial.  
Un mois après l’incident, un homme de 51 ans a finalement été arrêté par le Service de police de Terrebonne. 
«Prisonniers chez nous»
Une bonne nouvelle, cette arrestation? Pas vraiment, puisque l’agresseur présumé est un voisin de la famille de Lyndia Barthold et qu’il a été relâché avec psous condition. C’est donc dire qu’il vit toujours dans une résidence voisine. 
«C’est une attaque faite par mon voisin, pas par un inconnu qui passait dans le quartier. Il faut que la police assure notre sécurité. J’ai d’autres enfants. On est six dans la maison», insiste-t-elle. 
Après deux mois, Mme Barthold n’en peut plus de vivre dans la peur. Elle et son avocat affirment avoir envoyé la semaine dernière une mise en demeure à la Ville de Terrebonne pour la forcer à agir. 
«Cet événement a tourné notre monde à l’envers. On se sent prisonniers chez nous et on a peur d’être dehors tout seul», confie-t-elle.  
Destiny, quant à elle, ne dort plus dans sa chambre. Elle ne veut même plus habiter dans le quartier ou même à Terrebonne, témoigne sa mère. 
«Le criminel qui a commis cet acte vit à côté de toi et il n’y a rien que la police puisse faire pour nous aider dans cette situation. C’est une pilule très difficile à avaler quand on est une victime. Ce n’est pas à moi de partir, ce n’est pas moi qui ai commis un crime. Je vis un enfer», déplore-t-elle.   
Un dossier pris au sérieux, dit la police
Interrogé par 24 heures, le capitaine du Service de police de Terrebonne, Vincent Charbonneau, affirme que son organisation n’a rien à se reprocher et que les procédures habituelles ont été appliquées. 
«Le dossier a été pris au sérieux, assure-t-il. On a procédé à l’arrestation d’un individu. L’individu a été remis en liberté avec promesse à comparaître assortie de conditions.» 
Il confirme à 24 heures que le dossier a été transmis au DPCP de Laval la semaine passée.